Suppression du numerus apertus en médecine : le projet de loi sera examiné le 17 juin au Sénat

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder a rappelé ce jeudi matin son souhait de supprimer le numerus apertus des études de médecine. Il a aussi pour objectifs de "former davantage" de médecins et améliorer l'attractivité de la filière psychiatrie.
Dans un entretien accordé à France Inter, le jeudi 12 juin, Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, déclare qu'il va "supprimer le numerus apertus", le 17 juin prochain, "pour former plus de médecins" et répondre à la problématique des déserts médicaux.
En réalité, la loi "visant à améliorer l'accès aux soins par la territorialisation et la formation", déposée par le ministre en octobre 2023 alors qu'il était député, sera examinée par le Sénat à cette date.
Avec le remplacement de la PACES par le système PASS/LAS permettant l'accès aux filières MMOP (maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie), le numerus clausus des places en médecine avait été supprimé.
Le nouveau numerus apertus fixe un nombre minimum d'étudiants en deuxième année de médecine, en fonction des capacités d'accueil des facultés de médecine. Selon la Conférence des doyens de médecine, cette évolution a déjà permis de passer de 8.000 étudiants en 2e année de médecine en 2017 à 12.000 pour 2026.
Prévoir davantage de moyens
Un effectif qui semble difficile à augmenter encore, en raison des ressources contraintes des universités (nombre de professeurs ou de places dans les amphis). Pour estimer les besoins en médecins, une Conférence de santé doit être organisée cette année, par l'ONDPS (Observatoire national de la démographie des professions de santé), comme l'avait rappelé François Bayrou, lors de son discours du 25 avril au sujet des déserts médicaux.
Le projet de loi prévoit de "conditionne[r] le nombre d’étudiants à la capacité d’accueil de l’université et de donner de vrais moyens aux universités d’accueillir chaque année un nombre d’étudiants sur la base des besoins des territoires en priorité […]. Cette ouverture du nombre d’étudiants pourrait aussi accroitre le nombre de stagiaires en cliniques ou encore en maisons et centres de santé."
La question des moyens est bien le "point de vigilance", pour Lucas Poittevin, président de l'Anemf . "En théorie, la législation actuelle permet déjà d'augmenter le nombre de places. Mais nous avons vu en 2020 que, malgré la hausse de 20% du nombre d'étudiants, aucuns moyens supplémentaires n'avaient été accordés aux universités. Si l'on contraint les établissements à augmenter encore les effectifs accueillis, il faut allouer de nouveaux moyens, sans quoi, la qualité de la formation se dégradera".
"Nous avons des lits à l'hôpital qui sont fermés faute de soignants. Donc, c'est pour ça que je veux former plus, former mieux et former partout, ajoute Yannick Neuder, sur France Inter. Et on pourra aussi rapatrier tous les étudiants français qui sont partis en Roumanie, en Belgique étudier pour qu'ils reviennent en France. Il y a trop de besoins d'en France."
"Renforcer la prise en charge de la santé mentale"
Par ailleurs, Yannick Neuder annonce son "plan psychiatrie", présenté en avril au conseil des ministres.
Faisant référence au drame de Nogent survenu le 10 juin, il déclare ainsi au micro de France Inter qu'il y a "urgence à renforcer la prise en charge de la santé mentale".
"Nous avons 500 internes de psychiatrie par an. L'objectif est de passer à 600 et de pouvoir aller bien plus loin. Donc, il faut aussi que les 15.000 psychiatres puissent s'investir s'ils le souhaitent dans la formation : il y a des valences universitaires qui leur seront proposées."
Par ailleurs, le ministre souhaite faire "en sorte que chaque étudiant en médecine et en paramédical puisse effectuer un stage en psychiatrie", durant son parcours de formation.
Reste que la spécialité est aujourd'hui boudée par les internes : dans notre classement, elle se place en 39e position sur les 43 choix possibles . Il faut "construire l'attractivité de la filière psychiatrie. Je travaille notamment avec les jeunes psychiatres pour avoir davantage d'étudiants en psychiatrie. 60% des internes pensent que la psychiatrie est une sous spécialité et 30% en ont peur."
L'Anemf confirme cette difficulté. "La psychiatrie est une spécialité méconnue. En externat, les enseignements ne sont peut-être pas optimaux. Les étudiants ayant découvert la spécialité en stage sont plus enclins à la choisir en internat que ceux qui l'ont expérimenté uniquement à travers les livres", constate Lucas Poittevin qui rappelle également que la filière reste l'une des plus importantes en nombre de places ouvertes. "Avec 500 internes, c'est la 3e filière d'internat. Il faut l'avoir en tête : plus on ouvre de places, plus il y a un risque de places non pourvues", rappelle-t-il.
De son côté, le CNUP qui "alert[e] les pouvoirs publics depuis des années" sur les conditions d'exercice du métier et le "manque criant de financement" indique attendre "des actes concrets et un soutien financier du gouvernement".